Première lettre de nos Soeurs de Haïti
Port-au-Prínce, lundi 5 septembre 2011
Aujourd’hui les sœurs de la communauté du Christ-Roi nous ont invitées à participer à la Messe de 6 h 30 dans la maison des Frères Jésuites, nos voisins. Ces deux congrégations ont de grands terrains contigus, on peut même passer par une porte entre les deux propriétés, sans sortir dans la rue. Ceci dit bien la relation de confiance entre eux. En entrant chez eux nous avons vu de très grandes cours avec beaucoup de plantes décoratives et des arbres très hauts. Nous sommes entrées dans un oratoire très spécial. Derrière l’autel il y a une grande baie vitrée donnant sur une peinture de Jésus Ressuscité dessinée sur le mur avec des caractéristiques propres à la culture haïtienne, reflétant “qu’un autre monde est possible où chacun a en abondance ce qui est donné en générosité par la mère Terre”. La peinture représente un peuple joyeux, festif, offrant le fruit de son travail. Tout est ornée avec des plantes naturelles et de très belles fleurs ; la nature est dans l’oratoire et nous au milieu de la nature. Le nom de Jésus écrit en bois, de telle façon qu’il représente une croix, a attiré notre attention
On percevait les voix chaudes des six jeunes en formation, voix accompagnées par un “tambour propre” (semblable à celui d’Afrique), que des mains aux doigts allongés éveillait avec un son mêlant lamentation et joie. Tous les chants tant en créole qu’en français avaient un rythme très agréable.
Après le petit déjeuner, Sœur Denise nous a invitées à aller au centre, nous voulions acheter quelques livres de la liturgie quotidienne afin de participer aux célébrations eucharistiques en français. Tandis que la Sœur participait à une réunion, nous avons faits quelques tours avec le chauffeur, Philippe, avec qui nous avons pu communiquer sans comprendre sa langue. C’est incroyable ce que la nature humaine arrive à faire : quand quelqu’un désire vraiment communiquer, il peut le faire ! La communication a beaucoup à voir avec l’empathie, avec les sens et les énergies que l’on met pour la compréhension. Nous nous regardions les yeux dans les yeux et nous nous comprenions…
Une chose est de regarder les images des conséquences du tremblement de terre à la Télévision ou dans des revues, autre chose est d’être sur le lieu même. Il est impressionnant de voir la quantité de personnes qui après presque deux ans de la catastrophe, vit encore dans des conditions infrahumaines sous les tentes. Quelques-unes d’entre elles laissent voir le passage du temps par leur détérioration. Il y a encore les décombres dans les rues empêchant le passage des véhicules ou même des piétons. Nous nous trouvions dans la partie haute, montagneuse. Nous étions si haut que nous pouvions voir la mer. C’est ce secteur qui a souffert le plus. Nous avons vu beaucoup, beaucoup de maisons détruites, d’autres totalement écroulées, de grands édifices comme coupés en deux et qui constituent un danger pour ceux et celles qui vont et viennent dans ces espaces si étroits. De nombreux édifices publics n’ont pas encore été touchés en vue de leur réparation.
Nous avons observé, toutes trois, dans un silence qui se transformait en prière. Quelle pauvreté ! Quelle souffrance ! Il est évident qu’une certaine détérioration existait déjà avant le séisme. Haïti est un pays très appauvri. Nous avons pu le remarquer en observant les vêtements, dans les moyens de transport qu’ils utilisent “Tap-Tap” (petites camionnettes), qui sont à demi fermées, où les passagers sont les uns sur les autres, quelques-uns assis sur des bancs de bois face à face et ceux qui le peuvent debout sur le garde-boue de la camionnette),on pouvait aussi le noter à cause de la quantité de déchets jetés dans les coins… Nous n’avons pu découvrir presqu’aucun service public pour les personnes. Beaucoup de petits étales vendant très peu de choses et de manière très précaire. Des vendeurs ambulants, en majorité des femmes, chargeant leur marchandise sur leurs corps brûlés et fatigués par le soleil. Visages de souffrance ! Notre cœur se serrait en entrant en communion avec ce que nous voyions.
Nous sommes allées à la Maison Provinciale des Sœurs du Christ-Roi. Elle a été détruite par le tremblement de terre ; l’unique chose restée intacte a été la chapelle parce que de construction assez récente. Elles nous ont dit que quelques-unes d’entre elles étaient dans la maison, mais elles n’ont pas eu à déplorer de victimes. Actuellement elles sont en location dans une maison particulière, à quelques deux cents mètres de là.
Elles nous ont très bien reçues, nous souhaitant la bienvenue à Haïti, nous ont offert un rafraîchissement qui a été opportun parce que la chaleur est terrible. Nous avons pu communiquer malgré notre peu de français.
Après avoir acheté une puce pour le cellulaire de Rosa, nous sommes arrivées à la maison à l’heure du repas.
Dans l’après-midi, après un temps de repos, nous nous sommes réunies dans la salle qui a été mise à notre disposition afin d’étudier le français, lire notre courrier et nous organiser.
Après le souper nous avons appelé par téléphone les frères de Lasalle pour les informer de notre arrivée et fixer un rendez-vous avec eux. Ils nous ont répondu nous disant qu’ils viendraient le lendemain à 10 heures afin de nous rendre visite. Nous continuons à recevoir des lettres, des nouvelles, des messages de plusieurs Provinces. Un grand merci à toutes pour nous accompagner de si près. Que Notre Dame du Perpétuel Secours, Patronne de Haïti, vous accompagne et vous garde.
Maintenant nous envoyons une “CHALEUREUSE ETREINTE” à chacune de vous.
Antonia, Rosa et Isabel, Communauté d’Haïti
Deuxième lettre de nos Soeurs missionnaire en Haïti
Haïti, Port-au-Prince, 10 septembre 2011.
A nos chères Sœurs et Frères, Laïques et Laïcs :
Nous souhaitons que vous alliez tous “bien” et ce dans tous les sens du mot. Avant toute autre chose nous voulons remercier toutes les Communautés et tous les Laïcs et laïques qui nous envoient leur bon souvenir et des nouvelles.
Vous aurez certainement déjà reçu la dernière lettre que nous avons envoyée la semaine dernière. Depuis nous avons fait quelques pas de plus que nous désirons partager avec vous. Cela fait une semaine juste que nous sommes arrivées et il nous semble qu’il y a déjà un certain temps que nous sommes ici, sur cette terre tellement rêvée, à Port au Prince en Haïti.
Tous les matins, quand le jour se lève, nous faisons notre prière communautaire (c’est le moment le plus frais de la journée, il fait bon, “frais, c’est une façon de dire”, il y court un air différent). Généralement c’est le moment où nous entrons en contact avec vous tous et toutes. Avec nous, demandez à Dieu, qu’Il nous montre le chemin qu’Il veut pour notre première communauté en Haïti.
Avant toute autre chose nous voulons vous dire que nous rencontrons beaucoup de bonnes personnes qui nous aident avec un très bon esprit. Le Frère Antonio, des Frères de Lasalle, se comporte en véritable frère avec nous, il est la patience incarnée. Il y a quelques six ans qu’il est à Haïti, il parle le créole et cela nous est d’une grande aide. Avec lui nous avons fait les démarches bancaires, déjà nous avons un compte d’épargne ; nous sommes aussi allées voir une maison à louer près du lieu où s’installera le Centre de Santé. Je ne sais pas si nous vous avons dit que nous vivons à la périphérie de Port-au-Prince, non loin de là il y a des terrains occupés par les tentes avec de nombreuses familles, la majorité en sort pour chercher l’ombre de quelque arbre proche. Nous sommes entourées de diverses Congrégations de religieuses et religieux, quelques-unes d’entre elles disent que c’est un “petit Vatican” tellement il y en a !
Vendredi dernier, l’une des novices où nous sommes logées, a prononcé ses premiers vœux et il est venu beaucoup de monde, nous en avons profité pour prendre des contacts, voir s’il n’y avait pas quelque maison à louer, ou un petit terrain à acheter, etc. Un des Frères nous a dit qu’ils avaient une maison qui, pour le moment, était vide parce qu’ils n’ont pas de novice et qu’il allait consulter pour voir la possibilité de nous la louer pour un an. Cette après-midi nous irons en voir une autre. Priez pour que nous puissions en trouver une où nous pourrions vivre une vie “en fraternité” dans un espace bien nôtre.
Nous sommes “bien” toutes les trois dans tous les sens du mot, nous parlons beaucoup entre nous, nous étudions le français, nous aimons sortir dans le quartier, voir les gens, entrer en contact avec eux petit à petit.
Une autre nouvelle qui nous remplit de joie c’est que “nous avons pu entrer dans la maison d’une famille haïtienne”. Le frère Antonio nous a accompagnées à une madame jeune, une femme de grande vitalité, pleine d’énergie qui communique avec tout son corps, très expressive. Elle est Directrice d’un des collèges de Foi et Joie, situé parmi les gens qui sont sur un des terrains proches de chez nous. De fait sa maison est presque face au collège, en entrant par une ruelle qui forme un couloir. En arrivant sur son terrain nous y avons remarqué des tentes placées là-même avec plusieurs familles dedans, il y a aussi un espace qui semble un petit salon. Nous lui avons dit que nous voulions apprendre le créole et lui avons demandé si elle pourrait nous l’enseigner. Elle a été ravie et pour nous encourager elle nous a dit que c’était très facile. Immédiatement elle a appelé son mari pour nous le présenter et des petits enfants sont sortis avec lui de la tente. Réellement un spectacle ! avec leurs grands yeux, des coiffures très bien arrangées, balbutiant quelques mots en créole avec de larges sourires.
Lundi prochain nous commencerons les classes : deux heures par jour du lundi au vendredi. Ce que nous apprécions c’est que nous allons aller chez elle tous les jours et nous commencerons à tisser nos premiers liens avec cette famille.
Avant de vous quitter nous voulons saluer d’une manière SPECIALE la Province du MEXIQUE qui fêtera, le 16 septembre, le BICENTENAIRE. Meilleurs vœux, nous nous joignons à leur mois de fête avec le tout frais souvenir de notre présence là-bas !
Ayez patience, un jour vous arriveront les photos tant attendues! Pour aujourd’hui nous vous en envoyons seulement quelques-unes du jour de la profession de Misline.
Que Notre Dame de l’Immaculée Conception Du Perpétuel Secours nous accompagne afin que nos recherches quotidiennes se concrétisent selon le vouloir de Dieu pour nous qui sommes au milieu de ce peuple Haïtien. Bien unies à chacune et chacun de vous avec notre affection fidèle,
Antonia, Rosa et Isabel 11 septembre 2011
Haïti, Port-au-Prince, 24 octobre.
Chers LAÏQUES, FRERES ET SOEURS,
Aujourd’hui nous avons une bonne nouvelle à vous faire partager : NOUS AVONS CHANGE DE MAISON ! En fin !..
Vous pourrez imaginer “comment est notre cœur” il nous répète sans cesse il faut partir… Déjà tout est prêt. On vient de nous avertir qu’est arrivé le moyen de transport avec quelques achats que nous avons dû faire : lits, frigo, un ventilateur, cuisinière, une table, etc. Les Sœurs du Christ-Roi nous ont offert une petite table avec quatre chaises, un peu de vaisselle (trois assiettes creuses et trois plates, trois tasses, beaucoup de pots en verre et trois grandes boîtes pour mettre quelques aliments). Elles ont été très gentilles avec nous, ont mis leur temps à notre disposition pour nous accompagner tout le temps qu’il faudrait, sans calculer les heures. Nous avions fait une liste avec les choses à acheter, les plus urgentes. Nous avons été à plusieurs marchés et entre nous tous (Sœur Denise et Philippe, le chauffeur) nous comparions les prix et mettions dans un chariot, nous nous entendions parfaitement avec le Kréol et le langage des signes ! avec eux nous avons appris à demander des remises. La majorité des produits sont étrangers. Pour payer quelque chose de grand (le frigo par exemple) on paie en dollar américain à des prix semblables à deux du Brésil ou d’Argentine. C’est clair que pour Haïti tout est plus cher ! En général nous avons demandé à ceux qui vivent depuis longtemps à Haïti, nous vérifions pour décider ce qui est le mieux et nous avons constaté, plusieurs fois, que nous avions été bien conseillées.
Le frère Nicolás, Grec – des frères de Lasalle - personne très simple qui a vécu de nombreuses années en Afrique, s’est offert pour nous aider dans le transfert de nos bagages... Nous étions nerveuses ! Deux d’entre nous sommes parties jusqu’à la maison avant, afin d’attendre l’arrivée des affaires et l’autre est restée à la maison des Sœurs pour attendre l’homme responsable de la maison et signer le contrat de location. Nous avons fait modifier quelques clauses, conseillées par Sœur Denise (Haïtienne) qui a transcrit le contrat et à signé comme témoin.
Immédiatement la maison s’est remplie de gens… les Sœurs MCR (missionnaires du Christ Roi) ont envoyé Monsieur Florentín et Liuzy (postulante) afin qu’ils nous aident. Puis d’autres sont arrivés pour voir comment nous nous trouvions. Madame Janide nous a apporté le repas de midi... et les voisins nous observaient, nous saluant aimablement.
Ce jour-là, beaucoup d’allées et venues d’une maison à l’autre, nous étions observées par les familles de la tente qui nous saluaient avec beaucoup de sympathie… si on n’avait pas vu quelque enfant, il se chargeait de nous le faire remarquer en agitant sa petite main avec un saluuu! (holaaa!) plus fort. Ce peuple a l’habitude de saluer, avec qui que ce soit que nous croisions dans les rues du quartier, il y a un échange de salutation avec un geste de cordialité. Aller à la messe le matin nous enchante… au retour nous rencontrons les enfants qui vont au collège ; presque toujours ce sont les plus petits qui attirent nos regards pour leur sympathie, la couleur de leurs uniformes et leurs petites tresses décorées. Quelques-uns sont accompagnés par un adulte. Los adolescentes et les jeunes sont “impeccables, peignées avec des styles plus variés les uns que les autres ! La rue Séminaire est très fréquentée parce que n’y circule aucun des moyens de transport public, tout le monde marche jusqu’à quelqu’une des avenues principales, et nous aussi. Nous sommes toujours étonnées des “pesants fardeaux que les femmes portent sur leur tête” pour les porter au marché ou marchant avec eux toute la journée comme vendeuse ambulante. C’est aussi très commun de voir aussi les enfants transporter de grands récipients plein d’eau, avec un équilibre impressionnant. Quand ils sont très petits, nous les aidons à cause du poids. Beaucoup de familles n’ont pas l’eau courante chez elles, plus ou moins à quelques cent mètres elles trouvent un poste d’eau. Quelques femmes lavent leur linge sur les trottoirs, près de chez elles. Nous devons acheter l’eau si nous voulons boire.
De jeunes laïques travaillant comme bénévoles dans un Projet de purification de l’eau, nous ont offert un purificateur que l’on place sur la partie inférieure d’un “bidon de quelques vingt litres”. Elle est très bonne, mais actuellement nous n’utilisons cette eau que pour faire la cuisine… nous voulons vivre un processus d’adaptation et de cette façon pourvoir la boire nous aussi.
Il y a déjà une semaine que nous sommes chez nous ! Nous avons voulu la faire belle, accueillante… nous la lavons de haut en bas (la maison a un puits et une de nos voisines remplit notre réservoir une fois par semaine), nous arrangeons quelques détails qui manquaient encore et M. Florentin a peint les deux pièces et la cuisine.
Nous voulons aussi ajouter que nous sommes en très bonne santé, d’âme et de corps et que nous sommes heureuses d’être dans un espace bien à nous. La réalité que nous voyions chaque jour : ”femmes assises à la porte de la maison des Sœurs, attendant de recevoir quelque chose à manger nous interpelle”: quelques-unes d’entre elles enceintes, d’autres avec de petits bébés dans les bras… chez plusieurs on note très bien qu’elles ont faim. Parfois elles nous suivaient un bout de chemin tendant leurs mains ou nous montrant un papier avec quelque chose d’écrit ou découvrant leur ventre pour nous dire qu’elles avaient “faim”. Nous en avons parlé entre nous et nous nous sommes dit “nous allons organiser quelque chose pour ces femmes... elles passent toute la journée sans faire absolument rien, attendant que quelqu’un leur donne quelque chose à manger”. Maintenant nous avons la possibilité de “voir ensemble ce que nous pouvons faire”. La langue est un grand défi, nous en sommes bien conscientes et faisons beaucoup d’efforts pour apprendre le Kréol. C’est fondamental !... Mais nous savons aussi qu’il y faut du temps et parfois nous devons lutter avec notre anxiété de “vouloir le savoir bien DEJA”. Pour nous trois la communication est un grand défi ; actuellement nous parlons portugais, espagnol, français et Kréol. Dans un futur proche nous aimerions de pouvoir parler la langue de nos frères haïtiens. Les plus pauvres ne parlent que le Kréol, la langue officielle est le français. Ceux qui se dédient au commerce mêlent les deux langues et nous parfois, les quatre !
Vous ne vous imaginez pas les fois ou nous rions de nous-mêmes quand nous essayons de formuler un dialogue au sujet d’un renseignement que nous voulons demander ou d’un commentaire que nous voulons faire… nous disons “-vous, qu’est-ce que vous avez compris’?, et parfois “ça n’a rien à voir” et d’autres fois chacune comprends mieux une certaine partie et nous essayons de reconstruire pour nous approcher de la vérité en question.
Nous n’avons pas besoin de vous dire à quel point nous nous sentons accompagnées par VOUS TOUS ET TOUTES… c’est impressionnant la quantité de courrier qui nous arrive nous manifestant COMMUNION, COURAGE, PROXIMITE, AFFECTION … nous avons que vous êtes présentes à Haïti avec nous. Thag de Mello dit –“notre marche n’est pas sûre, mais ce que nous avons c’est une nouvelle manière de marcher” et c’est bien vrai. Ce temps est très important pour nous, parce que c’est un temps de “premiers liens avec les plus pauvres”, temps des premières approches, de visages ayant des noms, temps de visites, de rencontres…
Nous vous embrassons très fortement et restons très unies à TOUS les événements qui se vivent dans chacune des Provinces de la Congrégation. A jamais avec vous !
Antonia, Rosa et Isabel, vos Sœurs de la Communauté Missionnaire en Haïti.
Haïti, Port-au-Prince, Vendredi 7 octobre 2011.
Bien chers Laïques, Laïcs, Sœurs et Frères,
Dans la semaine de la Fête de Notre Bonne Mère Jeanne Emilie il semblait que toutes les possibilités prévues pour obtenir une demeure étaient incertaines et même se fermaient. Nous avions l’espoir d’une réponse rapide et favorable de la part de Mgr qui nous avait dit qu’il se mettrait en contact avec nous. D’autre part nous ne voulions pas insister pour ne pas l’incommoder, alors nous lui avons envoyé un courrier électronique…
Dans la communauté où nous étions logées, tous savaient que nous cherchions une maison, un lieu où vivre notre fraternité. Quelle surprise quand Monsieur Lauture Florentin, employé des sœurs, mari de la cuisinière, Madame Janide, nous a dit qu’il connaissait un homme qui louait des habitations et qu’il allait vérifier. M. Florentin est une personne très aimable, il a les yeux d’un homme bon, c’est lui qui s’occupe des pauvres qui, tous les jours, frappent à la porte pour demander quelque chose à manger. Il les écoute et souvent intercède pour eux. Il s’occupe du ménage d’un secteur de la communauté, du jardin, de l’entretien, etc. Il connaît chaque mouvement et chaque détail de la maison. Il est extrêmement respectueux. Si l’on se croise avec eux, tant lui que sa femme, ils échangent un salut avec nous et nous aide dans la pratique du Kréol.
Hier il nous dit : - “j’ai trouvé une maison, une bonne maison, et elle est bien” (Mwen te trouve yon kay la, se sa bon). Ils se mirent à rire comme s’ils disaient : “-Comment sera la maison trouvée par M.F ?” (Il a, lui, l’aspect d’une personne très humble, simple) – Son épouse a été voir afin de confirmer la découverte. Elle nous a dit que la maison était petite, mais qu’elle n’était pas mal. Que nous pouvions aller la voir. Dans cette semaine de mémoires, de célébrations et de communion Bleue, Dieu se révèle à nous par l’intermédiaire des plus petits, des simples, des pauvres… à travers eux dont l’unique lieu sûr est le Cœur de Dieu Père, et ils cherchent une maison pour nous…! Comment ne pas être reconnaissantes pour tant de délicatesse ! C’est un défi pour notre propre vie.
Ce matin, après le petit déjeuner, nous sommes allées voir. Nous ont accompagnées Sœur Denise, Madame Florentin et Patrik (autre employé de la maison). Nous nous sommes dirigés du côté contraire à l’Avenue, sommes passés devant les boutiques vues tous les jours quand nous allions étudier le Kréol, nous avons même rencontré une jeune déjà connue qui nous a salué en nous reconnaissant … nous avons pénétré à l’intérieur du quartier. Nous sommes allées derrière l’endroit où nous sommes logées actuellement. Nous avons franchi la porte de ce qui a été le Grand Séminaire du Diocèse, détruit par le tremblement de terre et où sont morts huit séminaristes… Au fur et à mesure que nous avancions le mouvement grandissait dans une rue très étroite comme la majorité d’entre elles : des femmes avec des petits étalages sur des trottoirs imaginaires, des jeunes… beaucoup de jeunes et d’enfants allant et venant… rendant le lieu très vivant. A quelques centaines de mètres une Avenue, appelée Route Nationale N° 1 (c’est une des Avenues principales de la zone de Cazeau) croise cette petite rue.
Presque aussitôt après nous nous arrêtons face à un portail et ils nous disent “c’est- ici”. Nous ne pouvions croire qu’elle était si bien située parmi les pauvres. Presqu’au coin du terrain. La Maison a un portail presque noir pour permettre l’entrée d’un véhicule, et une porte plus petite. C’est vrai qu’elle n’était pas mal. Nous sommes entrés sur le terrain et nous avons trouvé une treille avec une bonne ombre. Des deux côtés un petit espace de jardin avec manguier, papayer, oranger et autres que nous ne connaissons pas. Ils nous ont indiqué l’un d’eux parce que ses fruits sont des aliment très nutritifs… Non seulement les pauvres nous trouvent une maison mais aussi ils nous apprennent comment nous alimenter… ”un endroit avec des aliments.”
A simple vue on voit une galerie protégée par une grille. On passe vers une petite pièce et, à la gauche, une salle à manger. En face de celle-ci deux chambres ; de l’une d’elles on va à la cuisine qui est au-dehors et traversant l’autre chambre on trouve une petite salle de bain. Il y a aussi une sortie vers une douche en plein air, bien sûr protégée par un mur !... Il fait si chaud, si chaud que tout ce que l’on porte sur soi gêne. Haïti est un pays où il faudrait marcher pieds nus et sans avoir quoi que ce soit à porter.
En terminant de la parcourir, toutes les trois nous avons senti que “c’était la maison”, qu’elle serait notre demeure, sans savoir encore quel serait de prix de location. Beaucoup nous ont dit que c’est “un cadeau”… que nous payerons pour une année ce que nous payons presque pour un mois de logement là où nous sommes. La propriétaire est une dame qui ne veut pas vendre car cette maison était celle de sa maman.
Immédiatement nous avons pris un rendez-vous avec la propriétaire de cette maison. Nous nous sommes senties pleinement entre les mains des pauvres, ce sont eux qui ont demandé les arrangements à faire pour pouvoir l’habiter : mettre davantage de sécurité à trois des fenêtres, arranger l’électricité, l’eau et aussi quelques murs… et d’autres détails... Nous nous sommes entendues et sommes parvenus à un accord. Mardi prochain nous donnerons une partie de la somme pour les arrangements demandés (700 dollars américains). Ils nous ont dit que dans une quinzaine de jours la maison serait en condition d’être habitée.
Nous souhaitons beaucoup de pouvoir aller y vivre rapidement, nous sentons le besoin d’entrer en relations, de nous sentir proches de nos frères Haïtiens, désir d’être “chez nous” parmi les pauvres.
Nous sommes toujours sûres que toutes et tous vous nous accompagnées dans votre vie quotidienne. MERCI pour les courriers, les mots d’encouragement. Nous savons que déjà sont en voyage des paquets de Nos Sœurs Marraines de Limoges et qu’ils arriveront fin novembre ; que, en Argentine, laïcs et sœurs cherchent les moyens de nous adresser un envoi.
Un grand MERCI parce que nous vous sentons comme faisant partie de cette Communauté Missionnaire en Haïti. Nous ne nous fatiguons pas de Remercier pour ce temps favorable pour notre Famille Bleue, deux fondations parmi nos frères Afros… : Haïti et Burkina Faso. Réjouissons-nous tous et toutes pour le cadeau que nous nous faisons en l’année de SON Bicentenaire ! En COMMUNION avec chacune et chacun de vous.
Vos Sœurs de la Communauté Missionnaire d’Haïti
Antonia, Rosa e Isabel