Rome, 21 novembre 2015.
Chères sœurs et frères, laïcs et laïques:
Ce matin a pris fin le Congrès Mondial d’Education Catholique : « Eduquer aujourd’hui et demain, une passion qui se renouvelle », (du 18 au 21 novembre 2015). Nous voulons partager avec vous certaines idées synthèses pour faire profiter de ce que nous avons vécu ici.
Nous voulons rappeler d’abord comment s’est déroulée la préparation de ce Congrès.
En 2013, la Congrégation pour l’Education Catholique a lancé la convocation pour le Congrès dans le cadre de la commémoration du cinquantième anniversaire de l’Encyclique Gravissimum Educationis (Concile Vatican II) et pour le 25ème anniversaire de l’Exhortation Apostolique Ex Corde Ecclesiae (Jean Paul II), sur les Universités Catholiques. Un questionnaire online fut envoyé en 2014 et certaines personnes l’ont reçu. C’est pourquoi il n’y a pas eu la possibilité d’envoyer une contribution au nom de la Congrégation.
Un instrument de travail fut élaboré et organisé autour de quatre axes à partir de ce questionnaire :
1. Identité et mission de l’école catholique
2. Sujets de l’éducation
3. Formations des équipes directives et enseignantes
4. Objectifs et défis.
Les résultats du questionnaire (3000 réponses approximativement) ont été présentés durant le Congrès : exposition et approfondissement du thème, témoignage, socialisation d’expériences et table ronde sur chacun des thèmes.
Certains aspects ont été récurrents durant le Congrès et il nous semble important de vous en offrir une synthèse :
1) Identité et mission de l’école catholique. – Elle a les valeurs évangéliques comme référence – Jésus maître. Comment ? Evangélisation et qualité académique doivent aller ensemble. Si jamais il manque cette intégration, l’école catholique perd son sens. Quel type d’éducation requiert l’école catholique ? Une éducation intégrale, qui n’est pas juste l’assimilation de contenus ou le développement cognitif, mais le souci de l’autre, le respect de la dignité, l’ouverture au changement et que celui qui est éduqué puisse grandir dans toutes les dimensions. Il doit être le protagoniste. Former des personnes capables de faire une lecture critique de la réalité. Mais il y a une chose de plus que l’étudiant de l’école catholique a besoin d’apprendre : apprendre à partager. Dans les pays où la religion catholique constitue une minorité, l’école doit donner son témoignage à travers un curriculum de formation intégrale, fondé sur les valeurs évangéliques et dans le dialogue interculturel. Dans ce sens, la grande question qui se pose est celle de la formation. Comment former les professeurs qui ne sont pas catholiques ? Comment les former pour qu’ils travaillent en accord avec l’identité de l’école catholique. Quels sont les aspects que nous ne pouvons pas oublier dans les contextes de nos écoles catholiques ? Quels sont ces signes de notre identité ? Comment pouvons-nous interpréter la pastorale scolaire pour les familles qui veulent former leurs enfants selon les valeurs évangéliques ? Comment développer chez les professeurs la conscience de l’identité dans l’école catholique ?
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2) Dans le second bloc sur le sujet de l’éducation, nous notons deux aspects
importants : l’ouverture au changement et la collaboration. Par rapport au premier aspect, on a parlé du besoin urgent de changements dans toutes les dimensions de l’école, de considérer
les nouveaux sujets de l’action éducative, nés du digital, qui demande des méthodologies créatives et participatives, laissant de l’espace à l’autonomie, au protagonisme et à l’interdépendance du
sujet. Certains exposants, abordant le besoin de changement, affirment qu’il ne suffit pas d’améliorer puisqu’il s’agit d’un changement radical. Vouloir changer est un défi ! Dans ce cadre, la collaboration
est un aspect déterminant et elle exige la confiance en chaque membre de la communauté éducative ; il s’agit de favoriser les qualités et de développer les compétences des personnes.
L’exemple de la métaphore de la fourmilière nous montre les caractéristiques de ces insectes sociaux doués de flexibilité, de capacité de travailler ensemble, d’énergie, de confiance mutuelle,
d’auto-organisation et de collaboration. Les affirmations telles que, la formation est la clé du changement étaient récurrentes : former les éducateurs pour qu’ils soient des collaborateurs
dans le schéma d’une nouvelle école.
3) Formation de l’équipe directrice et enseignante:
C’est fondamental que les écoles catholiques entrent dans une dynamique de formation pour qu’il y ait une ambiance qui favorise les processus de changement. Développer des recherches qui aident à améliorer la dignité humaine au delà du développement des connaissances académiques. La formation académique est très importante mais il faut qu’elle soit au service du bien commun, du respect, de la dignité de la personne: un engagement dans la mission de l’Eglise. La réussite est importante pour l’école catholique dans la mesure où elle ne perd pas de vue sa mission, son identité qui, en définitive, est d’être humaine et inclusive.
4) Défis et conclusion: finalement, nous voulons vous inviter à visiter la page web du Congrès. En même temps, nous signalons quelques aspects qui nous ont été présenté par les membres de l’équipe d’organisation durant la journée de conclusion. Ces aspects sont entrelacés d’expressions du Pape François qui ont interpellé notre mission éducative durant la dernière journée.
· Identité et mission comme un appel à la communauté éducative à avoir des attitudes proactives, comprenant que l’identité se révèle dans l’action de tous.
· Formation de toute la communauté avec une conscience d’identité, engagement dans sa propre formation, amour et passion pour ce qu’on fait. Dans ce sens, la gestion a un rôle important ainsi que l’accompagnement.
· Ecole inclusive – attentive aux pauvres, à ceux qui sont privés de premières nécessitées. Il ne s’agit pas d’assistance, mais d’éduquer l’aspect cognitive (penser), le cœur (sentir) et les mains (faire). Les blessures peuvent devenir des sources d’apprentissage et, plus que les œuvres de charités qui sont à peine le premier pas, l’important est de faire l’expérience de la solidarité.
· Une éducation intégrale qui aide à croître en humanité. Le Pape François dit « qu’éduquer c’est introduire le candidat dans la totalité de la connaissance ». Eduquer selon l’Evangile, ce n’est pas faire du prosélytisme, c’est introduire l’étudiant dans une réalité et la transcendance est une réalité.
· Que signifie éduquer ? se demande le Pape. Eduquer c’est assumer des risques. Un éducateur qui n’assume pas des risques, n’est pas un éducateur.
Durant le Congrès nous avons pu constater plusieurs points en convergence avec le Projet de Congrégation ; nous croyons que vous l’aurez constaté aussi. D’autres nous lancent le défis de chercher, changer, oser de nouvelles formes d’éduquer, plus humaines et plus inclusives, avec une plus grande possibilité de protagonisme pour les enfants, les jeunes, les adultes qui forment la communauté éducative. Nous vous demandons de partager cette communication avec les éducateurs et éducatrices avec lesquels nous sommes dans cette recherche pour rénover la passion éducatrice.
Que Sainte Emilie nous aide sur notre route.
Affectueusement, vos sœurs, Norma Micolini, Maria Dolores Montero e Marly Benachio.