Une fête internationale
« Vatican, Vatican, Vatican, je reviens du Vatican ! Chantons, crions de joie, Alleluia, Émilie est canonisée! ». C’est par ce chant scandé en dansant, que la délégation gabonaise est arrivée au Romitello en milieu d’après-midi le dimanche. La veille, le pape François avait réuni plusieurs congrégations féminines dans la halle Paul-VI, au Vatican, pour leur parler de la vie consacrée. Il enthousiasma les religieuses présentes en leur suggérant de célébrer leurs missions en n’oubliant pas l’esprit de fête. Ce fût donc la fête qui prit le pas sur la prière tout au long de l’après-midi du 17 mai, portée par les délégations africaines et sud-américaines. Une fête internationale : 300 Français dont les 200 représentants de la famille d’Émilie de Villeneuve, puis ceux venus de Castres, de Béthune, de Fontenay aux Roses, de Menton, de Pantin, de Redon ; une centaine de Gabonais ; 110 Sénégalais et Béninois, dont l’archevêque de Dakar; 50 représentants de l’Argentine et de l’Uruguay ; 160 Espagnols ; 12 Paraguayens ; 130 Brésiliens dont l’évêque de Petrolina ; 15 Filipinos. Ils s’étaient tous retrouvés dès le samedi 16 mai pour une veillée de prière à Saint-Louis des Français. Une veillée où déjà, la dimension internationale et universelle de l’œuvre d’Émilie de Villeneuve était démontrée par la projection du travail réalisé par la congrégation des sœurs bleues.
Le père Bories, vicaire général, comptait parmi les prêtres concélébrant sur la place Saint-Pierre, accompagné par les pères Basquin et Vigouroux de Castres, le père Jeannin, curé de Labruguière, le père de Boisseson, vicaire à Réalmont et parent d’Émilie, le père de Vergeron, aumônier du Couvent bleu, et le père Cabanac, économe de la congrégation des augustins de l’Assomption, natif de Labruguière. Ici dans la basilique à l’entrée de la messe d’action de grâce. © La Semaine de Castres.
Émilie, maître spirituel
Cette belle rencontre devait se terminer joyeusement et spirituellement. Le lundi matin, c’est dans une chapelle de la basilique Saint-Pierre, derrière le grand baldaquin noir, que Mgr Jean Legrez, archevêque d’Albi, présida une messe d’action de grâce empreinte de l’universalité de la congrégation, entre chants africains et liturgie traditionnelle. Dans son homélie, le père Legrez fit de nombreuses références aux paroles d’Émilie de Villeneuve pour donner à comprendre ce qui a façonné son charisme : « Dieu à la première place dans nos vies, voilà ce à quoi Émilie nous invite aujourd’hui. Tout pour Dieu, veut dire aussi tout pour ses préférés. Vous vous souvenez du moment où elle a répondu à son père, un moment difficile dans la vie d’un jeune qui veut avouer sa vocation : « Mon père, c’est pour Dieu que je vous quitte. Je veux servir les pauvres ». Et elle n’aura de cesse de dire « Allez où la voix du pauvre vous appelle. Ayez une sainte prédilection pour les pauvres, les petits, les faibles et les affligés ». Alors, l’archevêque d’Albi interroge : « pour chacun de nous, qui sont les pauvres aujourd’hui, dans notre propre existence ? Peut-être que le premier pauvre, c’est nous-même ». Dominicain, le père Legrez prêche juste quand il déclare : « il me semble que Sainte Émilie de Villeneuve nous parle par ses écrits autant que par sa vie. Elle s’est montrée un véritable maître spirituel. Le fait qu’elle soit canonisée depuis hier en est un signe éminent, aussi bien pour les consacrés que pour les laïcs. Tous nous pouvons nous mettre à son école et, maintenant plus que jamais, lui demander son aide pour parcourir notre propre chemin de sainteté ».
Cette sainteté, si elle est possible, doit être accessible au prêcheur comme au pêcheur. Elle demande que le souffle d’amour qui est passé sur la place Saint-Pierre vienne jusque dans les cœurs et l’intelligence de tous. Est-ce une grâce difficile ?